Cœurs Hybrides
Au 19e siècle ,dans un monde où les dirigeables ont conquis le ciel et où les robes à dentelles frémissent dans tout Paris, les femmes sont pourtant considérées comme des êtres inférieurs. Rebelle, Jade, issue de la lignée des "Charisma" aux dons extraordinaires, décide alors de fuir la capitale ravagée par une guerre fratricide entre sangs purs et hybrides. À des milliers de kilomètres de là, Ethan parti chercher l'outil, rencontre un homme qui va changer le cours de sa vie. Les destins de Jade et Ethan se trouveront liés d'une étrange façon.
PROLOGUE:
Il tituba. Sa nuque l’élançait, il porta sa main au niveau de son cou et trouva une fléchette minuscule qu’il arracha et jeta au loin. Il vacilla. Son genou heurta le sol. Sa tête tournait. Il posa une main sur le sentier terreux, il sentait le poison faire rapidement son effet. Ses sens troublés, il entendit crier son nom dans le lointain, et tenta de pivoter. Ce geste lui parut intolérable, tant sa tête était lourde. Il dut prendre appui sur son coude. Une goutte de sang suffirait, il ne pouvait se transformer sans ce stimulus. Ce furent ses dernières pensées avant qu’il ne s'effondre. Lorsqu’il émergea, l'esprit encore embrumé, sa vision brouillée ne lui permit pas de déterminer grand-chose. Il voulut frotter ses yeux. Il constata que ses bras étaient enchaînés et aucun mouvement possible. Il secoua sa tête pour évacuer la sensation de coton. Cela n’eut pas l’effet escompté et un malaise le cueillit. Il ferma les yeux, pris d’un haut-le-cœur. Ses souvenirs ressurgirent peu à peu : le poison. Il avait été drogué. Respirant lentement, il réfléchit à sa situation. Ses bras attachés ne lui seraient d’aucune utilité. Sa position n’était pas trop inconfortable, assis sur une de ses fesses, les genoux pliés, les bras légèrement vers le haut. Toutefois, s’il ne pouvait bouger, il finirait par s'ankyloser. Il déplaça une jambe, libérant un genou engourdi, fit rouler ses épaules. Les mouvements brusques tiraient des réactions douloureuses et la nausée couvait. Sa vision, pour l’instant floue, reviendrait dans les minutes à venir, avec un peu de chance, dans les heures, sinon. L’odeur de moisi et de terre le prenait à la gorge. Il devait se concentrer sur les bruits et déterminer où ses ravisseurs se tenaient. En tous les cas, il était seul dans la pièce, son ouïe fine l’aurait alerté. Le temps fila. Le manque de repère ne l’aidait pas. Une heure s’écoula, peut-être plus. Lorsque tout fut terminé, ce jour-là, il sut qu’il aurait aimé rester ainsi. Les hommes ouvrirent une porte sur sa droite et pénétrèrent dans la pièce, laissant entrer un peu de lumière. Armés, leurs visages étaient couverts de masques. L’un d’eux pointa son fusil vers lui, l’autre vint le détacher du mur. — Lève-toi ! ordonna-t-il. Il les suivit, ses jambes le portant à peine. Il fut tiré en avant et manqua de chuter, ce qui provoqua des rires gras. La pièce où il entra était grande en comparaison de celle qu’il quittait, sa vision, bien que plus nette, ne lui permit pas de la voir en détail, cependant il repéra au fond une porte, par le filet de lumière blafarde qui l’encerclait. Une sortie. L’espoir ! Il fut poussé violemment et ses genoux cognèrent le sol. Il cria. Il aurait aimé retenir cette plainte. L’homme qui se tenait devant lui se moqua et lui entoura le visage d’un vieux chiffon poussiéreux. Il serra ce dernier sur sa nuque, l’obligeant à ouvrir la bouche. Bâillonné, il fut relevé par une traction sur la chaîne qui liait ses poignets. Il se retrouva ligoté, les bras au-dessus de la tête. Le bruit mat de coups portés auxquels répondaient des gémissements attira son attention. Ses yeux voyaient la scène dans un flou qui ne la rendait pas moins pénible. Des hommes torturaient une femme, attachée sur une chaise. Les questions qu’ils hurlaient l'interpellèrent. Et la mémoire lui revint.
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