Dis, pourquoi tu m'fais du mal ?
Mettons fin aux maltraitances faites aux enfants
Nathalie Cougny
Parce qu’il existe aujourd’hui en France plus de 98 000 cas connus d’enfants en danger, c’est-à-dire 10% de plus qu’il y a dix ans, que 2 en meurent chaque jour, il est temps de prendre conscience et d’agir contre les maltraitances faites aux enfants. Les coups n’ont jamais été une réponse. L’enfant est un être fragile et vulnérable, en construction, que l’on doit protéger pour qu’il devienne un adulte autonome et responsable, bien dans sa peau.
Parce qu’une fille sur huit et un garçon sur dix sont victimes d'abus sexuels avant l'âge de 18 ans, nous devons tous ouvrir les yeux devant ce fléau qui détruit des vies. Plus de 4 millions de cas d’inceste avérés, sans doute davantage, car les violences faites aux enfants sont taboues.
Qui est l’enfant ? - Le tabou de la séduction - Définition des Droits de l’enfant - La maltraitance en France - L’abus sexuel - Les coups - Le harcèlement scolaire - L’inceste - Le maltraitant - La pédophilie - La punition - La prostitution des mineurs - L’aliénation parentale - La protection - Pourquoi le silence ? - La résilience - La protection de l’enfant - La reconstruction - Et après ? - Qui contacter ? Voilà les sujets abordés dans ce livre.
Parce que nous sommes responsables de tous les enfants.
Préambule
PRÉAMBULE
Aimer, ce n’est pas maltraiter. Aimer, c’est respecter, faire grandir, protéger, donner confiance, prendre soin.
Françoise Dolto, psychanalyste et pédiatre éminente, a été la première à déclarer que « l’enfant est une personne », autant dire un être humain à part entière que l’on doit respecter. Elle a défendu tout au long de sa vie la cause des enfants. Je la rejoins sur de nombreux points, nous devons protection aux enfants afin qu’ils deviennent des adultes responsables et autonomes, bien dans leur peau.
Je fais ce livre parce que tout ce qui touche aux enfants est tabou et parce que très peu de campagnes d’information sont mises en place. A croire que ce qui s’apparente aux enfants en matière de violence ne suscite pas grand intérêt. Les dysfonctionnements de la justice et des services sociaux sont nombreux. Rien n’est fait dans les écoles pour prévenir la violence, les parents ne sont pas informés des conséquences de la violence, les ministères concernés commencent à peine à s’échanger les informations de pédophiles et les parents continuent de frapper, de tuer !
Je souhaite également apporter une vérité, aider les enfants à comprendre, faire prendre conscience que tout comportement n’est pas acceptable, que l’on doit respecter les enfants et aussi pour rappeler que la maltraitance est punie par la loi.
Vous trouverez dans ce livre sur les maltraitances, à partir de rapports, études, extraits d’ouvrages ou articles, ce qui se rapporte aux différentes formes de violences, que de trop nombreux enfants subissent, et elles sont multiples. Je vous invite à parler du contenu de ce livre avec des enfants. Les agresseurs ne sont pas que des inconnus, loin de là. Il ne faut pas avoir peur de parler très tôt aux enfants, avec des mots simples, de cette réalité-là. En tout premier lieu, personne ne doit toucher leur corps. Cela me semble assez facile de le leur dire au plus jeune âge.
On ne sait pas toujours où commence la violence. Prendre une fessée, est-ce de la violence ? Certains mots sont une violence, l’humiliation également. Mais il y a aussi les abus sexuels, l’enfermement, le harcèlement, la discrimination, l’aliénation parentale, le manque de soins, c’est-à-dire la négligence, le commerce des enfants, la prostitution.
Chaque année, ce sont près de 700 enfants qui meurent sous les coups de leurs parents. 700 enfants par an ! En fait, personne ne devrait avoir le droit de faire du mal aux enfants et les adultes doivent en prendre conscience. Mais nous ne pouvons pas savoir ce qui se passe réellement dans les familles ; la sphère familiale reste un tabou impénétrable. L’Assemblée nationale a adopté en première lecture, dans la nuit du vendredi 1er au samedi 2 juillet 2016, un amendement au projet de loi Egalité et citoyenneté, qui complète la définition de l’autorité parentale dans le code civil. Si le texte est définitivement adopté, l’article 371-1 précisera que les parents doivent s’abstenir « de tout traitement cruel, dégradant ou humiliant, y compris tout recours aux violences corporelles ». Il était temps ! Les enfants sont les abandonnés de la vie politique, personne n’ose ouvrir grand les yeux face à la détresse, à l’horreur même. Personne n’ose franchir le seuil des maisons et parfois, même quand il est franchi, rien ne se passe. Nous savons très bien que les lois, nécessaires, ne suffisent pas, c’est la prévention qui compte et qui fera baisser le taux de violence ; la prévention dans les écoles, dans les médias, dans les familles, dans tous les lieux où les enfants sont susceptibles de se rendre.
Les enfants ne peuvent pas se défendre et ils ont peur de parler. C’est difficile de dire que son papa, sa maman, un membre de sa famille, un ami, est violent ou qu’il a commis un abus sexuel ; surtout que les enfants même maltraités aiment leurs parents. Le sentiment de culpabilité, les menaces, la peur, le chantage affectif, sont les principaux facteurs qui empêchent un enfant de parler. Mais s’il en parle, il faut le croire et ne pas le rejeter ou penser que ça ne peut pas arriver. Quand ils peuvent en parler, très peu d’enfants inventent des attouchements ou un viol, d’abord parce qu’ils ne savent pas ce que cela signifie. Nous connaissons les ruses employées par les agresseurs pour faire taire les enfants, Il faut donc leur expliquer très tôt.
L’enfant est fragile, dépendant, en construction, ce qui le rend vulnérable, et rien n’autorise un adulte à profiter de cette vulnérabilité pour imposer quoi que ce soit. Le dialogue est, à mon sens, la première forme d’éducation, même si cela demande du temps. Pour cela, il faut connaître ce qu’est un enfant, vouloir comprendre sa personnalité, sans systématiquement imposer sa toute-puissance de parent.
L’enfant peut avoir raison dans sa logique, avec un point de vue différent de celui de l’adulte. L’enfant n’est pas la projection des parents, l’enfant n’est pas un objet qui doit prendre le chemin que le parent aurait voulu suivre, l’enfant n’est pas là pour réaliser le rêve d’un parent, ni pour combler sa souffrance. Il passe par différentes étapes de construction, que nous aborderons dans les prochains chapitres, qui vont façonner sa personnalité, son sens moral et affectif.
Il est une personne à part entière, et le plus grand rôle des parents, en dehors de l’amour, est de lui permettre de devenir plus tard un adulte avec son libre arbitre, d’aller vers l’autonomie, de tout faire pour son bon développement.
Comme l’a écrit Béatrice Copper-Royer, psychologue, à la sortie du clip de la Fondation pour l’enfance sur la gifle : « Un enfant ne connaît pas naturellement les règles : il faut les lui apprendre et donc les lui expliquer, puis les faire respecter. L’autorité c’est cela. Quand il est petit, la gifle est d’une violence démesurée. Elle peut le blesser bien sûr, mais elle va surtout le laisser dans un état de stupeur, de sidération. Elle ne lui apprend rien des règles, mais elle lui fait peur, lui confirme son impuissance et ajoute à sa frustration. Quand il est grand, à l’adolescence notamment, elle est particulièrement humiliante. L’adolescent giflé ressent chez l’adulte le besoin de le rabaisser, alors qu’il redoute justement de ne pas être assez grand et voudrait même parfois brûler les étapes. Elle ferme le dialogue à un moment où, même s’il est laborieux, il est nécessaire. Un garçon de 16 ans que son père avait giflé alors qu’il avait été très insolent me disait il n’y a pas longtemps « je le méprise ». Car la gifle, passage à l’acte impulsif et agressif, renvoie effectivement à l’adolescent, lui aussi bien souvent dominé par son impulsivité agressive, une réponse en miroir, alors qu’il attend justement une autorité ferme qui le contienne, du recul, de la hauteur, une vraie force. La gifle n’est donc bonne pour personne, ni pour les grands, ni pour les petits. Le clip de la Fondation pour l’enfance a le mérite de nous le rappeler. En en montrant sa dimension d’autant plus violente qu’elle est donnée à un petit, elle veut aussi souligner que la frontière est bien mince entre « violence ordinaire » et maltraitance. C’est loin d’être inutile !»
La violence empêche donc, non seulement d’évoluer de façon objective, mais diminue la confiance en soi, l’estime de soi, sans parler d’autres problèmes graves de santé, qui rendent la vie adulte plus difficile face aux autres.
Un adulte violent doit se poser la question : pourquoi suis-je violent ? Et il doit consulter les spécialistes adéquats. Les témoins de violences doivent les signaler.
La violence n’est jamais la solution et elle va toujours crescendo, alors que l’amour et le dialogue sont des promesses de victoire.
Nathalie Cougny
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